À travers 250 cartes postales et gravures anciennes, le père Courtois, le Veilleur de Vauclair, propose ici un voyage dans le temps dans son département d’adoption. L’Aisne est composé de multiples paysages résultant de découpages abstraits qui en font toute la richesse. Les domaines agricoles avoisinent d’antiques forêts : Retz, Villers-Cotterêts, Saint-Michel, Saint-Gobain, Coucy, où « les vrais forestiers ont toujours un visage de seigneur ». Les métiers du bois varient alors à l’infini, des manches à outils aux pièges à souris, en passant par les indispensables sabots. On n’imagine pas encore remplacer les moulins à eau ou à vent qui font partie du paysage et du folklore campagnard. « Autant que le chant du coq, le clair martèlement sur l’enclume sonnait l’éveil du village autrefois. » Le père Courtois salue le courage des femmes et des hommes qui étaient l’âme des campagnes de jadis. Il rend hommage à Jean-Baptiste Godin et son expérience sociale du Familistère de Guise, et à tous ceux qui innovèrent au début du XXe siècle pour simplifier le travail, pour circuler plus vite : « Rare moment de l’histoire où la charrette à chien croise la De Dion-Bouton ». Le développement du chemin de fer sur tout le territoire fait se juxtaposer deux mondes, celui de la station de campagne à Corbeny ou Vervins et celui de la ville à Saint-Quentin et Soissons. C’est l’époque où l’énergie électrique remplace peu à peu la vapeur, où l’auto remplace la charrette. Qu’il soit aux chevaux, aux lapins, aux moutons, aux fleurs, le marché draine les mêmes foules, le même entrain. La fête, alors rare, attendue et préparée, est « une transfiguration du quotidien » : courses de La Capelle, kermesse à Plomion, cavalcade de Vervins, bains à Château-Thierry Prestige de l’uniforme aidant, les sapeurs-pompiers sont alors très aimés, tout comme les facteurs, les gendarmes. L’armée est saluée à La Fère, Laon ou Sissonne, déjà camp national. L’enseignement devenu obligatoire, l’école est régie par une discipline stricte et un grand sérieux. En 1914, la terre axonienne s’enracine dans un monde de traditions « où le visible et l’invisible » se côtoient, mêlant fêtes religieuses, cultes et légendes. L’Aisne s’enorgueillit de nombreux monuments, églises, abbayes, cathédrales, châteaux, qui souffriront dans la tourmente de la guerre. Et pour finir ce voyage nostalgique dans l’Aisne d’autrefois, le père Courtois s’attarde sur les nombreux artistes du département, les plus populaires, comme Jean de La Fontaine, Alexandre Dumas ou encore Quentin de La Tour.
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