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Dainius Gintalas en résidence de traduction

Dans le cadre de la 10e édition du festival D’un pays l’Autre, Des Sens des Lieux, une rencontre professionnelle est organisée le 9 octobre, à Lille (59), autour d’un enjeu symbolique mais primordial de l’écologie au sein de la filière livre : la bibliodiversité. 

Deux temps forts : une table ronde professionnelle « Pour une écologie sociale du livre, les bourgeons de la bibliodiversité » et une rencontre avec Dainius GINTALAS, actuellement en résidence de traduction à l'AR2L Hauts-de-France. L'auteur se consacre, entre autres, à la traduction de poètes des Hauts-de-France. Il y parlera de son approche de la traduction, et notamment de la traduction de poésie, à la fois créative et minutieuse. 

Portrait

Un attrait pour la France

Dainius Gintalas est poète et librettiste, mais aussi traducteur et critique d’art. Il a écrit des livrets pour des opéras et des opéras rock et a publié six recueils de poésie traduits dans plusieurs langues. Lui-même a traduit du français de nombreux romans, essais, poèmes et pièces de théâtre (parmi lesquels La Société du spectacle de Guy Debord ou Les Chants de Maldoror de Lautréamont). Son amour de la langue française lui vient de sa mère, professeure de français, qui lui a enseigné les bases. Il a ensuite continué à apprendre le français à l’université, mais aussi en autodidacte dans le but de pouvoir lire en français, et surtout de pouvoir comprendre la poésie française. Il partage cet attrait pour la France avec sa femme. 

« À l'époque où la Lituanie n'était pas encore membre de l'Union européenne et ne faisait pas partie de l'espace Schengen, nous avions l'habitude de nous rendre en France chaque année en voiture avec des amis, seuls, puis avec nos enfants. Cela a duré une dizaine d'années consécutives. Et une fois de plus, nous avons pu constater sa richesse culturelle et naturelle. C'est une terre divine, impossible de ne pas l'aimer. Comme sa langue merveilleuse, la langue de Verlaine, de Rimbaud, de Lautréamont... »

Traduire la poésie contemporaine

Dainius Gintalas a traduit des poèmes d’Henri Michaux, de Blaise Cendrars ou encore d’Antonin Artaud, mais s’intéresse également beaucoup à la traduction d’œuvres de poètes vivants. En 2021, il a ainsi l’occasion de travailler avec Alexis Pelletier, poète vivant en Normandie, dans le cadre d’une résidence d’un mois à La Villa Brugère (Arromanches-les-Bains – 14), en partenariat avec Normandie Livre & Lecture. 

« La poésie contemporaine c'est une pulsation vivante, c'est la vie ici et maintenant, et on ne peut rater ça. (…) C'est l'occasion pour les poètes français d'entendre comment leur poésie se transforme et prend vie en lituanien (…). De plus, il est très important pour moi de montrer au lecteur lituanien ce qu'est la poésie française contemporaine, de montrer qu'elle est bien vivante et très intéressante, qu'elle est loin de s'arrêter avec Paul Verlaine ou Paul Valéry. »

En 2022, il publie une anthologie bilingue de poésie du Sud-Est de la France, intitulée Šokantis mistralis (Les poètes du mistral), qui rassemble des traductions d’œuvres d’une vingtaine de poètes contemporains.

Il souhaite désormais publier une anthologie des poètes du Nord de la France et mène ainsi une résidence, cette fois-ci d'un mois dans les Hauts-de-France, à la Citadelle d'Arras. 

« Dans toutes les résidences, le plus grand trésor est les gens que l'on rencontre. Le personnel, les écrivains, les habitants. Grâce à eux, on apprend beaucoup de choses qu‘on ne trouvera dans aucun livre. Et en même temps, on se rend compte de combien nous avons en commun, quelle que soit la différence de langue. En vivant dans une résidence pendant, disons, un mois, tu peux beaucoup mieux connaître le pays et ses environs que certains touristes. Disons que j'ai marché des centaines de kilomètres pendant cette période et que le vent et les arbres me reconnaissent déjà. C'est important pour moi, en tant que poète et en tant qu'être humain. »

La résidence de traduction

Le séjour d'un mois de Dainius Gintalas à Arras représente donc la deuxième résidence de l’artiste en France, une parenthèse qui lui permet de se consacrer à la création mais aussi de s’imprégner du territoire et de l’environnement dans lesquels évoluent les poètes qu’il a choisi de traduire Marie Ginet et Jean-Marc Flahaut. Cette résidence dans la région lui permet également de travailler plus étroitement avec eux. 

« J'ai immédiatement senti qu'il s'agissait de poètes forts et intéressants. Et complètement différents. Marie est expressive, émotive, rebelle et en même temps très subtile. Le sens de l'éclatement et du rythme de la langue est très important pour elle. Comme pour moi. Jean-Marc est plus réservé, plus calme, mais il joue magnifiquement et avec précision sur les détails. C'est une poésie minimaliste, intelligente et en même temps percutante.  Mais les deux poètes donnent l'impression d'une douleur vivante. Cela me touche. Nous nous rencontrons, nous organisons de petits ateliers de traduction, au cours desquels nous clarifions les subtilités poétiques. Ils ont la possibilité de travailler sur mes poèmes à partir des traductions littérales faites par ma mère. C'est donc un atelier d'échange. Un atelier d’amitié. » 

Le 9 octobre, à l’issue de sa résidence à Arras, Dainius Gintalas aura l’occasion de participer à une rencontre organisée en amont du Festival de traduction D’un pays l’Autre (Lille), porté par les éditions de La Contre-Allée. Il abordera son approche de la traduction, notamment de la traduction de poésie, à la fois créative et minutieuse.

« La magie de la langue et la possibilité de transférer les images du poète dans le monde d'une autre langue est toujours ce qu'il y a de plus attrayant ici. C'est une sorte de magie qui s'opère. Mais en même temps, c'est un travail très responsable, car il doit être méticuleux et précis. Et surtout, ce qui est très important c’est de recréer et transmettre l'esprit de l'œuvre du poète, la garder. En général, seuls les poètes peuvent le faire. Ce n'est sans doute pas pour rien que les meilleurs traducteurs de poésie sont des poètes. »


Dans le cadre de la saison de la Lituanie en France (12 septembre au 12 décembre 2024), Dainius Gintalas a également été rédacteur en chef d’un numéro spécial de la Vilnius Review, numéro spécial consacré à la littérature lituanienne contemporaine traduite en français. Vous pouvez vous procurer ce numéro auprès des éditions Le Soupirail, qui le diffusent et le distribuent en France, ou le commander dans votre librairie !