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AR2L l'Édito Patrimoine

Patrimoine : une course de fonds

« Le temps s’écoulait tout doucement : l’aiguille des minutes de l’horloge semblait calée dans une position invariable. »

Allan Sillitoe, La Solitude du coureur de fond, 1960.

Attiser la flamme pour le Patrimoine des Hauts-de-France

Difficile de rendre mieux compte du travail continu et quotidien des acteurs et actrices du patrimoine. L’image de la course de fond semble à ce point correspondre que la citation en exergue pourrait suffire en elle-même. C’est bien de ce temps long que s’occupent ces professionnels, qui œuvrent pour que la vie du patrimoine écrit, graphique et littéraire se prolonge, crée le lien entre les générations passées et générations futures, nourrissent les travaux des chercheurs et chercheuses de tout type.

Ce travail sur le patrimoine écrit, graphique et littéraire est l’un des axes fondamentaux de l’activité de l’Agence et se décline en plans d’actions pluriannuelles – notamment sur les actions de numérisation, de référencement (signalement dit-on en patrimoine) et de sauvegarde –, en formations, accompagnements, conseils… Un travail important est également mené en matière de valorisation, par le biais notamment d’un site internet dédié : l’Armarium, bibliothèque numérique du patrimoine régional, qui accueille depuis trois ans des expositions thématiques co-construites avec de nombreuses bibliothèques partenaires. La dernière en date, « À fond(s) ! Les Hauts-de-France, terrains de jeu(x) et de sport(s) » a pour thématique le sport et se décline en différentes rubriques et un cahier d’activités pour apprendre tout en s’amusant, autant que vers les milieux scolaires.

Les différentes missions du pôle sont structurées par des conventions, notamment une convention-cadre quinquennale signée avec la Bibliothèque nationale de France et la DRAC Hauts-de-France qui fait de l’Agence un pôle associé de cette institution, une convention qui sera renouvelée en 2025.

Et le patrimoine, comme le sport, ne manque pas d’avenirs, ni de renouvellement. Si le breakdance ou l’escalade font leur apparition dans les disciplines olympiques avec Paris 2024, la presse locale ancienne et sa numérisation, devient l’un des grands axes du nouveau projet de l’Agence en matière de patrimoine.
Cette mission s’est construite à partir d’une enquête régionale menée en interne en 2022 et 2023. La presse est un fond spécifique qui nécessite un travail urgent, le support n’ayant pas toujours été conçu pour durer. Un travail urgent, mais un travail concerté ; les collections sont nombreuses, prennent beaucoup de (kilo)mètres linéaires dans les lieux et il devient urgent de rationnaliser ces collections à l’échelle régionale. Comme il est important de référencer tous les titres de presse sur les territoires, ce que fait un groupe de travail depuis 2008 à travers le Plan de conservation partagée des périodiques co-animé par l’Agence et les bibliothèques universitaires régionales (Centre réseau SUDOC PS Nord Pas-de-Calais-Picardie).
Une mission d’autant plus importante que les Hauts-de-France accueilleront un pôle national regroupant le Conservatoire et le Centre de conservation des collections de Presse de la BnF d’ici 2029. Une perspective enthousiasmante pour tout le territoire, qui pourra s’associer à des projets de centres de formation liés aux métiers de la conservation, aux métiers d’art, aux recherches en matière d’usage des intelligences artificielles et au numérique appliqué au patrimoine, des liens qui peuvent se nouer avec le tissu industriel, économique, social, scolaire, autant qu’avec tous les acteurs culturels et artistiques – des résidences de recherche, de création et de médiation pouvant se mettre en place en complément de ce grand projet.

Le patrimoine paraît donc bien une course de fonds, mais en équipe et en relais, sans vaincu ni vainqueur, ni médaille d’aucune sorte. Bien plus, le patrimoine est un bien universel qui respecte les valeurs olympiques. Et notamment la première : dans ce domaine aussi le plus important, bien sûr, c’est de participer.