Une Agence régionale actrice des relations culturelles internationales
L’une des missions premières d’une Agence du livre et de la lecture est d’agir pour fédérer les acteurs et actrices de son territoire sur ce champ d’activités. Dans ses statuts, cette mission suppose une bonne connaissance du tissu régional, autant qu’une participation aux réflexions de politiques d’aménagement culturel des territoires. Au quotidien, ce sont aussi des accompagnements des professionnels eux-mêmes qui sont proposés – formation, information, soutien à la communication, aide en ingénierie, en professionnalisation, en développement…
Mais le travail sur le territoire ne peut se mener qu’en articulation avec des politiques et des évolutions qui opèrent sur des échelles plus larges. Impossible de parler économie ou projet ou réalisation sans prendre en compte des échelles géographiques combinées.
C’est pourquoi, à partir de 2021, l’Agence s’est reconfigurée en prenant en compte ces échelles d’intervention – interrégionale, nationale et internationale. Dans une dynamique d’affinité culturelle, elle s’inscrit dans un lien de proximité immédiate avec les régions limitrophes. Elle participe également à des projets francophones et construit des pistes d’actions sur le plan européen. Tout cela est inscrit dans un plan de rayonnement qui implique tous les pôles de l’Agence.
Développer le circuit court élargi
Depuis la création de l’Agence, un travail de rapprochement avec la Normandie a été opéré. Cela se traduit par des résidences croisées de création entre artistes-auteurs des deux régions, mais aussi des projets de rapprochements entre professionnels, voire le portage d’actions communes.
La région Grand Est est également intéressée pour développer des axes similaires de travail dès 2025 – des expertises croisées sont d’ores et déjà mobilisées dans des commissions ou des journées d’étude.
Le circuit court élargi franchit la frontière et intéresse la Belgique. Nous développons des accueils d’auteurs et d’éditeurs dans les librairies et les bibliothèques des deux pays, conscients que les acteurs du livre de Belgique et des Hauts-de-France partagent les mêmes difficultés structurelles et les mêmes envies d’interconnaissance. Et que les difficultés des territoires se retrouvent des deux côtés de la frontière, comme l’illustre chaque année le projet Fabrique à Li(v)re, à dimension transfrontalière. Les expériences des uns peuvent servir aux autres.
Représenter la région à l’extérieur
Représenter la région à l’extérieur de ses frontières, en valorisant en particulier des éditeurs et des auteurs, est une mission importante de l’Agence. Elle permet de fédérer, autant que de former, de valoriser les acteurs et actrices autant que de leur permettre d’intégrer de nouveaux réseaux, et créer de nouveaux contacts importants pour leur développement.
Ce travail de représentation se fait également sur des salons nationaux comme le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil et le Marché de la poésie de Paris. En 2023, les Hauts-de-France et sept autres régions françaises ont été mises à l’honneur au cœur de la Foire du livre de Bruxelles. Cette opération est reproduite en 2024 sur un format plus modeste et accompagnée d’un travail dans les libraires de Bruxelles, avec le Bureau international de l’édition française, et de prise de contacts avec les responsables des programmes culturels européens.
Ces représentations collectives se pensent avec les partenaires de l’Agence et se complètent par les dispositifs régionaux et nationaux de soutien au rayonnement et à la mobilité.
Penser francophonie
À l’échelle de la francophonie, de nouvelles pistes d’action sont explorées. L’édition ou la coédition sont des possibilités de plus en plus soutenues par des dispositifs d’aides, avec des pays et régions prêtes à soutenir ces démarches, comme le Québec, qui a l’habitude de ces partenariats, ou la Roumanie, dont la situation du livre est complexe mais qui développe une véritable envie de construire des partenariats européens durables.
Sur le plan du patrimoine, des liens historiques et convergents poussent l’Agence à favoriser ces rapprochements : méthodes et outils à partager, histoires communes, valorisations croisées… C’est aussi le cas, et depuis longtemps, avec la Belgique. Cela pourrait également être le cas avec d’autres pays de la francophonie.
La Roumanie en est un autre exemple avec son réseau de maisons d’écrivain, homologue au nôtre, et son patrimoine remarquable. D’ailleurs, Bucarest et Abbeville ont en commun le classement d’un de leur manuscrit carolingien au registre international Mémoire du monde de l’Unesco depuis 2023. L’Agence peut participer ou aider les professionnels à intégrer ces réseaux, où ils ont toute leur place.
S’ouvrir à l’Europe culturelle et artistique
En développant des projets à l’échelle européenne, en direction de langues rares, des opportunités artistiques pourront croiser des ressources européennes – ce qui sera travaillé depuis Bruxelles puisque la Foire du livre a pour thème l’Europe. Nous soutenons également une résidence d’un traducteur lituanien qui cherche à réaliser une anthologie des poètes du Nord de la France et qui est déjà passé par la Normandie, preuve de ces intérêts croisés.
Des intérêts et des croisements qui nous conduisent chaque année à la Foire du livre de Bologne, en compagnie d’un ou une artiste-autrice ou auteur qui a été sélectionné dans le cadre d’un appel à projet porté par la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse – en 2024 il s’agit de Waii Waii, artiste des Hauts-de-France publiée en partie en Belgique chez CotCotCot. Preuve une fois de la plus de la richesse, de la fécondité et de la réciprocité de ces liens.
Ces quelques exemples illustrent tous les potentiels à explorer avec nos voisins proches ou lointains. Les premières expérimentations montrent une véritable envie de construire avec les acteurs et actrices des Hauts-de-France. À nous d’imaginer, dans la limite de nos capacités, une trajectoire possible et de favoriser les liens réciproques, toujours féconds.